Le dernier Streets Of Rage en date était Streets Of Rage 3. 26 ans plus tard, les studios indépendants français DotEmu et Lizard Cube, avec la collaboration des Québécois de chez Guard Crush, prennent le relais en sortant Streets Of Rage 4. Le beat’em up à scrolling latéral n’est plus trop à la mode ces temps-ci, c’est le moins qu’on puisse dire. Certains s’y sont essayé avec brio comme Atlus avec Dragon’s Crown, d’autres n’ont pas vraiment brillé : on oubliera par exemple le tristounet Double Dragon 4… Toujours est-il que les retrogamers fans de Streets Of Rage attendaient eux aussi une suite digne de ce nom de la licence phare. Pourraient-ils être finalement satisfaits ?
Une forme séduisante
Une technique au poil
Rares sont les jeux actuels à proposer un contenu final sans aucune mise à jour à télécharger le jour J. A l’exception de la PlayStation 4, il semblerait néanmoins qu’il y ait eu quelques soucis techniques, dont les développeurs se sont rapidement empressés de corriger sur PC et Xbox. En dehors de ça, à ma connaissance, Streets Of Rage 4 ne souffre pas de coquilles majeures. Pas de ralentissements à l’horizon, pas de problèmes de collision ou de hitbox ; les protagonistes répondent au quart de tour. La difficulté du jeu repose essentiellement sur l’apprentissage des patterns ennemis et sur le fait d’apprivoiser les movelists des protagonistes.
Parlons maintenant de la DA : celle-ci est sublime. On sent tout l’amour dont les développeurs ont fait usage, pour créer l’univers de cette nouvelle mouture de Wood Oak City. Le parti pris pour le style BD fait mouche, la parallaxe maîtrisée et les couleurs chatoyantes vous transporteront durant votre « nettoyage urbain ». Même les environnements les plus simplistes de prime abord, ont reçu une attention plus que particulière ; je citerai la zone des égouts qui précède celle du bar, à titre d’exemple. Que de petits éléments bichonnés ici et là, comme les tags sur les tuyaux environnants.
Les décors du jeu sont magnifiques
Un souci du détail chirurgical est donc de mise, si bien que l’on peut être amené à découvrir des choses à côté desquelles on était passé, à chaque nouvelle partie. En effet, vu l’intensité des combats et le degré de concentration requis, on peut parfois passer à côté de certains éléments visuels en background. C’est d’autant plus flagrant dans les niveaux de difficulté les plus avancés, durant lesquels les vilains ne vous laisseront aucun répit ! En fin de compte, le seul problème notoire que j’ai pu remarquer, vient de la qualité de certaines coopérations online, qui doit sans doute reposer sur du Pear to Pear. Si vous êtes invité, il faudra souvent vous attendre à de gros input lags, en fonction de la connexion de votre hôte.
Une OST respectueuse des anciens Streets Of Rage
Que serait un Streets Of Rage sans une bande son entraînante ? Tout fan de la série vous dira qu’il lui est forcément arrivé, à un moment donné, de lancer une partie uniquement pour profiter des musiques de Yuzo Koshiro. Certains morceaux sont considérés par certains comme étant d’anthologie ; on citera : Fighting in the Streets, Moon Beach ou tout simplement Go Straight, dont le remix est présent en hommage, dès le 1er stage. Alors autant vous dire que Streets Of Rage 4 était attendu au tournant à ce niveau-là.
Le scénario n’a jamais été l’atout des beat’em all, mais est-ce vraiment important ?
Nous sommes donc en 2020, Streets Of Rage 4 a été élaboré par 3 studios francophones, sous la tutelle de SEGA, qui a défaut de produire des jeux, préfère sensiblement désormais s’en remettre à la mode douteuse des consoles mini (c/f : Game Gear mini…). Il a été décidé de prendre un minimum de risques, sans trop se mouiller non plus. En tout cas, pas comme pour l’OST de Streets Of Rage 3, extrêmement (trop ?) expérimentale, pour l’époque.
Cette fois-ci on a de nouveau fait appel aux maestro Yuzo Kushiro et Motohiro Kawashima, toutefois, dans une moindre mesure. La carte blanche a été finalement donnée à 80% à Olivier Derivière, musicien français spécialisé dans l’électro et le résultat est… Bluffant. Les compositions restent manifestement dans l’esprit des 2 premiers Streets Of Rage, tout en apportant une certaine modernité : en résulte un compromis expérimental jazz/funk subtil.
Un fond à la hauteur
Un gameplay aux petits oignons
En parallèle de la qualité musicale d’un Streets Of Rage, on notera que son gameplay entretient le fait qu’on ait envie d’y rejouer. Une constante logique dans tout jeu vidéo, bien que de nos jours, certains aient l’air d’apprécier de plus en plus les films interactifs… Toujours est-il que dans Streets Of Rage 4, vous serez au cœur de l’action, c’est indubitable !
Vous devrez parcourir 12 stages en scrolling latéral 2D, en choisissant au départ un personnage. Chacun des protagonistes possède ses forces et ses faiblesses : certains seront plus rapides, mais cogneront moins fort ; d’autres seront plus agiles et pourront ainsi se faufiler d’ennemi en ennemi, etc… Tout comme dans les anciens Streets Of Rage, le décor et les armes demeurent vos amis : en effet, vous avez toujours la possibilité de projeter vos adversaires dans le vide, afin de vous en débarrasser définitivement ou sur d’autres ennemis, dans le but par exemple de déstabiliser un groupe. Sans compter que les armes sont pratiques pour tenir la distance, à partir du moment où vous les lancez sur vos cibles. De plus, vous pouvez désormais les rattraper au vol, chose qui constitue un gain de temps manifeste et apporte plus de rythme au niveau des combats.
Le fait d’être souvent entouré d’ennemis demande de la dextérité
Outre cette petite nouveauté, Streets Of Rage 4 nous a aussi amené d’autres éléments insolites non négligeables. Il est désormais possible d’effectuer des combos, ainsi que des juggles (faculté permettant de faire rebondir les vilains dans les airs, en multipliant les coups), feature issue de jeux de combat, tels que Tekken. L’utilisation des coups spéciaux consomment toujours de la vitalité, cependant un système de récupération de PV, qui fait diablement penser au potentiel de ralliement de Bloodborne, vient ajouter un côté stratégique aux combats : on peut tout à fait abuser des coups spéciaux, mais en contrepartie, il faut être conscient que l’on ne doit pas être touché en retour, jusqu’à ce qu’on ait récupéré ses points de vie, petit à petit, en frappant ses adversaires.
Une durée de vie intéressante
Streets Of Rage 4 est un beat’em up et soyons honnêtes : les jeux vidéo appartenant à cette catégorie n’ont pas une durée de vie extraordinaire. Néanmoins, les développeurs ont apporté quelques éléments intéressants, capables de maintenir en haleine les joueurs les plus motivés et ce, relativement longtemps. Pour commencer, on n’a pas à sa disposition tous les personnages du jeu ; il faut les débloquer au fur et à mesure, en évoluant dans le mode histoire. Par ailleurs, nombreux sont issus des vieux Streets Of Rage et hormis un coup supplémentaire identique et relativement discret pour ceux de Streets Of Rage 2 et 3, ceux du premier se retrouvent exempts de nouveauté : c’est un peu dommage. Ensuite, on vous attribuera une note à la fin des stages, en fonction de votre comportement : votre aisance avec le système de combos cité précédemment, votre vitesse de progression dans les stages et votre capacité à ne pas gaspiller vos étoiles – outil ultime qui dégommera toute crapule se trouvant dans un petit périmètre autour votre personnage – contribueront à atteindre les meilleurs rangs.
Les coups « très » spéciaux sont puissants, mais gaspillent une étoile au détriment du score final
Ces features nous font ainsi retrouver cet esprit « high score » si spécifique aux jeux retro. Ce système de scoring, que l’on partage avec les joueurs online, voire par l’intermédiaire des trophées / achievements assez pertinents pour cette occasion, vous offrira son lot de challenge. On notera, sans vouloir faire le procès du choix des trophées implantés dans d’autres jeux vidéo, que cette cohérence n’est pas toujours établie de nos jours.
Streets Of Rage 4 propose 4 modes de jeu principaux
Enfin, on a également à disposition plusieurs modes de difficulté, un mode histoire, durant lequel le joueur ne sera pas vraiment sanctionné par la défaite, a contrario du mode arcade lui, directement tiré des anciens Streets Of Rage. Par ailleurs, on a droit à un mode boss rush, pour ceux qui désirent se frotter aux bosses du jeu et parfaire leurs temps. On n’oubliera pas non plus le mode multijoueurs local (possibilité de jouer jusqu’à 4 en simultané !) et online (jusqu’à 2 joueurs en même temps), qui proposent de de s’allier à d’autres personnes et de participer avec eux à l’éradication du gang des frères Y. En revanche, on prêtera moins attention au mode battle : sorte de Vs Fighting très bancal, qui deviendra très vite ennuyant.
Conclusion
Streets Of Rage 4 est un beat’em all réussi, qui s’adressera autant aux fans retrogamers qu’aux initiés. Les gars de chez DotEmu, Lizard Cube et Guard Crush ont réussi à faire revivre une licence pas forcément évidente à remanier. Le jeu est toujours aussi exigeant, mais les petits ajouts modernes dont il a été ponctué le rendent d’autant plus profond en termes de technique. Le joueur est amené à faire des choix rapides sur le moment, en se servant d’éléments propres à son personnage et à son environnement. Cela nous amène à penser que Streets Of Rage 4 ne s’adresse pas à tout le monde ; on a affaire à un jeu demandant une certaine habileté, si ce n’est plus que ces prédécesseurs et il vous sera impossible de taper sur tout ce qui bouge à la manière d’un Dynasty Warriors, sous peine d’être rapidement puni. Quand on sait que les gars de chez DotEmu bossent en ce moment sur un vieille licence, qui n’attend qu’à être ressuscitée, on ne peut être qu’enthousiaste après avoir constaté ce qu’ils ont produit avec Streets Of Rage 4.
Je vous invite à retrouver différents tutoriels sur Streets Of Rage 4, en l’occurrence deux sous forme écrite ici :
Voici leurs versions vidéo intégrées dans une playlist Streets Of Rage 4 Tutorials :
Je vous propose également la playlist de mon Let’s Play FR Streets Of Rage 4 :
A voir également : Rygar [Critique et Let’s Play FR]